LE JEU DE LA MORT, LA MORT DU JE...
Le 21 mars a été proclamé Journée mondiale de la poésie par la Conférence générale de l'Organisation des Nations-Unies pour l'éducation, la science et la culture, lors de sa 30e session, à Paris, en octobre et novembre 1999. L'objectif de cette journée est d'encourager la lecture, la rédaction, la publication et l'enseignement de la poésie dans le monde entier et de "donner une reconnaissance et une impulsion nouvelles aux mouvements poétiques nationaux, régionaux et internationaux". Alors saluons à notre manière cette initiative de l'UNESCO.
Voici ce que cela produit lorsque deux génies se rencontrent; l'immense Ferré interprétant de façon toute personnelle, quasiment jazzie, la" chanson d'automne" de Paul Verlaine... Voyez cette photo, en se penchant un peu, on devine l'absinthe. Une merveille.
Et maintenant, sans transition: LE JEU DE LA MORT.
Après la diffusion du documentaire de Christophe NICK sur France 2, le débat fait rage, il fallait s'y attendre. Chacun à entendu parler de l'expérience de Stanley MILGRAM à l'université de Yale dans les années soixante et qui était destinée à évaluer la capacité de l'homme à se soumettre à une autorité légitime.(L’expérimentateur (E) amène le sujet (S) à infliger des chocs électriques à un autre participant, l’apprenant (A), qui est en fait un acteur. La majorité des participants continuent à infliger les chocs jusqu'au maximum prévu (450V) en dépit des plaintes de l'acteur). Peut-être avez vous vu le film de Henri Verneuil «I comme Icare » sorti en 1979 avec Yves Montand dans le rôle d'un procureur chargé d'élucider le meurtre d'un chef d'Etat ? On y voit se dérouler l'expérience de Milgram dans le but d'expliquer le comportement du tueur.
Tout cela ne date donc pas d'hier. Pourquoi un plombier zingueur Bavarois se transforme t-il en bourreau nazi ? Pourquoi un candidat à un jeu télévisé accepte t-il n'importe quelle débilité ? Pourquoi monsieur et/ou madame un(e)tel(le) ne trouve pas en lui (elle) la force de dire non ?
Il faut bien l'admettre, notre éducation à tendance à faire de nous de bons petits soldats peu aptes à se rebeller. Il faut se plier aux règles, il faut accepter la loi du chef, du patron, du curé, du père, du mari, du flic, du président...Sous peine d'être isolé, marginalisé, stigmatisé, il faut se soumettre. Or l'être humain ne craint rien davantage que la solitude; il est grégaire par nature. Son comportement doit donc être compatible avec celui de la meute, de la troupe, de la secte, de la communauté, de la famille, de la nation...
Les résultats de ces expériences peuvent paraître stupéfiants, grosso modo 80% des gens sont dans la soumission à l'ordre établi qu'il soit représenté par la Faculté en blouse blanche, l'Autorité en uniforme ou, et c'est sans doute cela le phénomène nouveau, la télé.
Voilà pourquoi je m'efforce ici de raviver la mémoire de tous ceux qui se sont battus pour une éducation active, non-directive. Une éducation qui consiste à développer le sens critique, la curiosité, la capacité à transgresser, et en définitive, cette aptitude à être minoritaire.
Et bien voila, c'est le printemps, les jardins de Keramoal commencent à se doter de quelques couleurs, jonquilles, camelias, forsythia, primevères...On tient le bon bout. Allez, portez vous bien et à demain peut-être.