MAI 68, VOUS CROYEZ...
Amis de l'histoire bégayante et du Gevrey-Chambertin réunis, bonjour !
Nous sommes le vingt-huitième jour du mois de vendémiaire, dédié à la tomate, il vous reste donc 73 jours pour préparer votre réveillon.
Au risque de passer pour un attardé rédhibitoire, je ne peux m'empêcher de penser à mai 68 en observant les cortèges qui envahissent nos rues ces jours ci. Je sais bien que l'histoire ne se répète pas et que l'expérience n'est guère transmissible. Néanmoins, j'ai retrouvé dans mes cartons quelques traces de l'époque qui ne sont pas sans similitude avec la situation actuelle.
Déjà à cette époque, la bonne vieille droite réactionnaire usait d'un argument qui voulait que les jeunes n'étaient pas à leur place dans la rue. On infantilisait l'étudiant comme l'ouvrier et on soupçonnait l'un comme l'autre d'être manipulés.
Déjà, « les casseurs » s'avéraient souvent être des sbires à la solde du pouvoir qui pouvait ainsi légitimer sa répression et faire donner ses troupes. Les gardes mobiles ne ressemblaient pas encore à des robotcops encarapaçonnés mais le résultat d'un coup de matraque n'a guère évolué.
Déjà les médias et la télévision en particulier prenaient leurs ordres à Matignon ou au château (l'Elysée). Et déjà SINE dans l'Enragé s'en donnait à coeur joie.
Déjà les réformistes n'avaient de cesse de répéter qu'il fallait raison garder et qu'il fallait savoir arrêter une grève.
Pour un peu, l'UMP nous organiserait une grande manifestation de la majorité silencieuse sur les Champs Elysée au cri de: « De gaulle reviens, ils sont devenus fous ! »
Déjà des petits malins faisaient des
stock d'essence aggravant la pénurie. La France éternelle
ressemblait étrangement à celle d'aujourd'hui, celle des jardiniers
joviaux, des notaires véreux, des professeurs émérites, des
alcooliques anonymes, des Nous-ne-céderons-pas, des
Nous-irons-jusqu'au-bout...Et le retour à la normale pointe déjà le bout de son nez. Le troupeau bêlant va retrouver son PMU, sa foire aux vins au Carrefour du coin et, ainsi que le chantait Nougaro dans "Mai mai Paris":
Le casque des pavés ne bouge plus d'un cil
La Seine de nouveau ruisselle d'eau bénite
Le vent a dispersé les cendres de Bendit
Et chacun est rentré chez son automobile...
Je crains fort que les actionnaires du CAC 40 soient en train de gagner une manche supplémentaire et que ceux que l'on appelle communément les travailleurs, soient contraints de porter ce joli nom quelques années de plus.Il va falloir repasser par la case départ, inutile de vous rappeler que vous ne touchez pas les 20 000 euros.
Allez, ne désespérez pas, tant va la cruche à l'eau... Comme disait mon aïeule qui en matière de cruche en connaissait un rayon. Merci à vous d'être passé par ici, portez vous bien et à demain peut-être.