UN HUMANISTE FLAMAND...
Amis des sciences cognitives et du cabillaud au maroilles réunis, bonjour !
En ce début d'année 2011, petit salut fraternel à ce grand artiste flamingand qui a toujours su mettre son art au service de ses convictions pacifistes. Frans Masereel. Voici ce qu'on peut lire dans l'organe de l'Union Pacifiste.
« Dans une société amnésique,
qui ne raconte que l’histoire des guerriers, le pacifiste intégral
flamand Frans Masereel mériterait de ressusciter... Même si
certains prétendus anarchistes, faux frères qui font le lit de la
violence militaire, assimilent les insoumis à des utopistes
dangereux, les faits sont têtus : préparer la guerre n’apporte
que la guerre ; désarmer unilatéralement ouvre un chemin à la
paix. Les gravures de Masereel témoignent constamment de ce refus de
tuer, de sa résistance aux profiteurs de guerre, et gênent, à ce
titre, tous ceux qui inondent les médias de leurs violences
suicidaires. » (à droite: autoportrait)
FRANS MASEREEL, artiste novateur, utilisant une technique du XIVè siècle, apparaît comme l’un des rares graveurs incontournables. Les antimilitaristes le reconnaissent même comme le plus grand créateur dans cette forme d’expression de la beauté en aplats noir et blanc.
Né le 30 juillet 1889 à Blankenberge (station balnéaire de la côte belge), d’une riche famille flamande, il prend conscience de l’injustice sociale en côtoyant la pauvreté lors de ses études à l’académie des beaux-arts de Gand. Ce réfractaire, de haute morale humaniste, voyage beaucoup et se considère très tôt comme un véritable citoyen du monde. Il parle plusieurs langues et a réussi un brillant cursus aux beaux-arts. Inlassablement, il fige les preuves de l’état du monde, pour qu’on ne les délaisse pas, et travaille dur à des lendemains plus fraternels.
Il a développé, dans un style éblouissant et avec une force de caractère peu commune, son utopie libertaire et pacifiste. Il forgeait le désir commun, plein d’émotions, transgressant la rigueur, la misère et la brutalité des relations entre les castes sociales. Il n’a pas besoin de mots pour dénoncer méthodiquement tous les rapports de domination, qu’ils soient le fait de l’État, des capitalistes, des riches sur les pauvres ou même des pauvres sur d’autres pauvres ou d’une nation sur une autre plus faible.
Sa fascination du travail bien fait a produit un créateur complet, exprimant ses opinions libertaires : de ce qui est vrai, honnête, solide, durable. Il s’interroge fréquemment sur la notion de progrès, indissociable de la lutte contre l’inégalité sociale, et partage l’idée d’Élisée Reclus : « Le vrai progrès est la conquête du pain et de l’instruction pour tous les hommes. » . Masereel compose en clair-obscur des bois sur les affres de La Ville (1925). Ces cent bois gravés montrent la plus extrême misère face à l’arrogance du bourgeois repu. L’Idée, parue en 1927, était son ouvrage préféré, qui provoqua un énorme enthousiasme auprès des antinazis allemands (Thomas Mann, par exemple en raffolait) : 83 xylographies, où la vérité nue est poursuivie par la police et la justice... La réédition en 1984 de ces gravures, qui parlent directement à des milliers d’humains, comporte une belle préface de Michel Ragon (voir mon billet du 24 juin 2010), qui y célèbre ces « histoires sans paroles, une sorte de journalisme politique dessiné ». Frans s’engage à fond dans le mouvement antifasciste et quelques années plus tard, rejoindra l'Espagne Républicaine pendant la guerre civile. Personnellement j'ai découvert son travail à travers ses illustrations des textes de Blaise Cendrars. Il s'est éteint le 3 janvier 1972 en Avignon.
Bon ben dites moi, l'année s'annonce culturelle...L'actualité elle, me régale chaque jour. Je découvre que Fadela Amara vient d'être décorée de la Légion d'Honneur !!! Sans doute pour avoir laissé les banlieues dans l'état où elle les a trouvées en arrivant. Allez, portez vous bien et à demain peut-être.