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les Cénobites tranquilles
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11 juin 2011

A VOS AMOURS...

 

Amis des amours saphiques et du soufflé au fromage réunis, bonjour !

Aujourd'hui, samedi 11 juin, 23è jour de prairial, dédié au chèvrefeuille, aujourd'hui donc, à l'heure où les forces de la réaction occupent le haut du pavé et font resurgir les vieux démons qui ont toujours constitué son fond de commerce, je voulais dire quelques mots d'une poétesse qui, en son temps, défraya la chronique.

Elle s'appelle Pauline Mary Tarn mais on la connaît sous son nom de plume, Renée VIVIEN. Elle est née le 11 juin 1877 à Londres et celle que l'on surnomma « Sapho 175px_Renee_Vivien1900 » incarne le courant parnassien de la belle époque. Son goût pour les lettres fut prononcée dès l'enfance et riche rentière, elle apprit l'italien, le grec, lit Dante et traduisit Sappho, aima quelques femmes, voyagea dans quelques pays, acheta une villa à Lesbos, publia ses poèmes et autres écrits à compte d'auteur chez Alphonse Lemerre puis Sansot. Elle fut jetée au "pilori" pour exprimer la première après Sappho ses amours lesbiens, se fit "buriner" le portrait par le sculpteur Rodin, but trop... et enfin, se convertit au catholicisme quelques jours avant sa mort en date du 18 novembre 1909 à 6 heures 45 du matin à Paris. Elle n'avait pas 32 ans...

"Tu te flétriras un jour, ah! mon lys." De ce dernier vers, Maurras dira "Cette image et ce rythme, pour un tel cri, c'est la passion pure dans la plus intelligente perversité. Gide a dédaigné l'œuvre de Renée Vivien, affirmant dans la préface de son Anthologie de la poésie française n'avoir trouvé en elle " rien qui lui parût particulièrement valoir d'être cité". Voici quelques vers histoire de vous mettre en appétit.

 

Ceux-là dont les manteaux ont des plis de linceul

Goûtent la volupté divine d’être seuls.
Leur sagesse a pitié de l’ivresse des couples,187_a_1205144815
De l’étreinte des mains, des pas aux rythmes souples.
Ceux dont le front se cache en l’ombre des linceuls
Savent la volupté divine d’être seuls.
Ils contemplent l’aurore et l’aspect de la vie
Sans horreur, et plus d’un qui les plaint les envie.
Ceux qui cherchent la paix du soir et des linceuls
Connaissent la terrible ivresse d’être seuls.
Ce sont les bien-aimés du soir et du mystère.
Ils écoutent germer les roses sous la terre
Et perçoivent l’écho des couleurs, le reflet
Des sons... Leur atmosphère est d’un gris violet.
Ils goûtent la saveur du vent et des ténèbres,
Et leurs yeux sont plus beaux que des torches funèbres.

Une telle sensibilité méritait bien une place dans notre galerie de portraits.

Allez, portez vous bien et à demain peut-être.


 

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