A QUI LE TOUR...
Amis de la République espagnole et de la paella réunies, bonjour !
Ce lundi 14 février correspond
au 26è jour de pluviôse dédié à la guède, cultivée
autrefois dans la région du Sud-Ouest pour ses propriétés
tinctoriales d'où son nom de Pastel des teinturiers. On y extrayait
une teinture bleue à partir de ses feuilles. Sa culture a déclinée
avec l'arrivée de l'indigo au XVII è siècle. La médecine
traditionnelle chinoise continue de l'utiliser dans le traitement de
l'hépatite infectieuse. Bon, ben, on aura appris un truc aujourd'hui...
Mais, débutons cette semaine par un portrait de militante.
C'est à Quimper, il y a 20 ans, le 14 février 1991, que s'est éteinte Emilienne MORIN.
Fille d’Etienne Morin, un militant anarcho-syndicaliste du Bâtiment, Émilienne Morin fréquenta très jeune les milieux révolutionnaires. Dès 1916 elle travailla comme secrétaire pour le journal pacifiste Ce Qu’il faut dire. Elle milita dans le groupe du XVe arr. de Paris des Jeunesses syndicalistes de la Seine. En 1924 elle se maria à Yerres (Essonne) avec le militant anarchiste italien Mario Cascari dont elle divorça au bout de deux ou trois ans. C’est le 14 juillet 1927 qu’elle fit la connaissance de Buenaventura Durruti Domange à la Librairie internationale anarchiste de la rue des Prairies, Paris (XXe arr.) et devint sa compagne. En juillet 1927, Durruti ayant été expulsé en Belgique, Emilienne abandonna son emploi de sténodactylo et partit le rejoindre à Bruxelles où résidaient alors de nombreux anarchistes espagnols qui y vivaient dans une semi-clandestinité. Lola Iturbe, elle-même militante anarchiste et compagne de Juan Manuel Molina, la décrit ainsi : « Émilienne était alors une jeune femme très agréable, au teint clair et aux yeux bleus, avec les cheveux coupés à la garçonne. Son caractère énergique, ses convictions idéologiques et ses dons oratoires se manifestaient dans les controverses publiques — spécialement avec les communistes — qui se déroulaient à la Maison du Peuple, à Bruxelles. »
Le jeune couple mena une vie difficile de proscrit jusqu’en 1931, date à laquelle ils se rendirent en Espagne où la République venait d’être proclamée et où ils poursuivirent leur activité militante. Le 4 décembre 1931, elle mit au monde à Barcelone une fille, Colette, qu’elle allait devoir élever seule, son compagnon étant pratiquement toujours pourchassé ou emprisonné. Les compagnons parvinrent à lui trouver un travail d’ouvreuse au théâtre Goya et c’est Teresa Margaleff qui s’occupa souvent de la petite Colette, y compris en l’allaitant, lorsque sa mère était au travail.
Lors de la guerre civile et de la révolution espagnole, Émilienne Morin rejoignit la colonne Durruti sur le front d’Aragon et travailla comme secrétaire au quartier général où elle fut responsable du département de presse. Mais les soins que nécessitait sa petite fille l’obligèrent bientôt à quitter le front tandis que son compagnon partait à Madrid, avec une partie de sa colonne, pour participer à la défense de la capitale où il devait trouver la mort le 20 novembre 1936. Après avoir travaillé un moment au conseil de défense, Émilienne rentra en France en 1938 et mena campagne, par la plume et par la parole, en faveur des révolutionnaires espagnols.(ici à gauche, Emilienne Morin et Colette Durruti.)