COCHON QUI S'EN DEDIE...
Amis des polyphosphates et du jambonneau réunis, bonjour !
Le 17 février correspond au 29è jour de Pluviôse que nos ancêtres républicains avaient dédié à la chélidoine dans leur calendrier. Cette plante est aussi nommée herbe aux verrues car elle était sensé les faire disparaître.
Une verrue que l'on aimerait voir disparaître de nos côtes bretonnes ce sont les algues vertes. Voilà sans doute pourquoi, le collectif France Nature environnement, qui regroupe près de 3 000 associations de protection de l’environnement, lance à partir de mardi une campagne de publicité dans le métro parisien avec des affiches choc (si la censure n'intervient pas). Au total, six montages différents qui montrent un enfant jouant au milieu des algues vertes ou encore un homme jouant à la roulette russe avec un épi de maïs dont on ignore s’il est OGM ou non. Les agriculteurs de la FNSEA ont fait part de leur “dégoût” face à “une campagne parisienne de dénigrement (…) caricaturale et clairement orientée contre l’agriculture”.
En Bretagne, les professionnels de la profession, producteurs et marchands de cochons ont le groin qui se renfrogne. Le député Marc Le Fur se dit scandalisé: « cette affiche n'est pas une affiche de protection de l'environnement mais une affiche anti-bretonne. » On croit rêver, rappelons que c'est lui qui a fait adopter un amendement au projet de loi sur la modernisation agricole qui permettrait de relever le seuil de la taille des porcheries soumises à étude d’impact de 450 à 2000 places .
Le comité régional du tourisme, le Conseil Régional, tout ce beau monde s'émeut, le ministre Bruno Lemaire dénonce lui aussi « un scandale ».
Cette fois, France Nature Environnement revient donc avec une campagne choc qui devrait lui permettre largement de se faire entendre. Toujours de très bonne idées créatives mais en plus des images et des mots très forts qui vont sans doute éveiller l’intérêt du grand public et des médias.
En
effet, des vacances avec vue sur les porcs, pas terrible. Que vient
faire le cochon là- dedans ? Son lisier est le responsable numéro
un de cette pollution dangereuse. Conjuguées aux fientes de
volailles et aux bouses de vaches dans une région leader en matière
d’élevages, ces cochonneries représentent l’équivalent de la
pollution générée par 50 millions d’habitants! Une marée marron
qui contamine l’atmosphère, charrie des nitrates dans des sols
saturés et vire au glauque lorsque ces fertilisants prennent la mer,
déclenchant une prolifération d’algues vertes qui s’échouent
sur les plages.
Consciente des enjeux en termes de survie des
entreprises et donc d’emplois, FNE propose un gel du cheptel,
jusque là en perpétuelle croissance, des incitations à l’élevage
sur paille, en plein air, associé aux cultures locales tout en
renforçant le contrôle du respect des textes, notamment en ce qui
concerne les installations ou épandages. Comment ne pas être
d'accord sauf à croire encore que la « paysannerie »
représente une force électorale dont il ne faut pas se couper. A
quelques jours du salon de l'agriculture, passage obligé pour tout
élu, l'ambiance est de mise. « Les cénobites tranquilles »
applaudissent à cette campagne qui vient réveiller les consciences
avant que la côte de granit rose ne devienne la côte de porc.
Allez, cela suffira pour aujourd'hui, portez vous bien (si je puis dire) à demain peut-être et n'oubliez pas: Indignez vous !