LE POIDS DES MOTS...
Amis de la vérité historique et du chouchen chaud réunis, bonjour!
Nous voici le 28 novembre qui correspond au 8è jour de frimaire habituellement dédié au miel.
Au jour d'aujourd'hui nous célébrons,sainte Eodez. Celle-là même qui perdit la tête sous l'épée de son propre frère, Tangi, qui n'en finit pas moins saint lui même. Tous deux étaient enfants du seigneur de Trémazan. Comme disait mon aïeule qui maîtrisait le subjonctif: « Plût au ciel que ces choses là ne fussent point advenues.»
Des légendes comme celle là, il y en a plein par chez nous. Elles sont toutes plus gore que n'importe quel film de Brian de Palma et font passer Carrie pour une aimable bluette. Je vous la fait courte :A droite, les ruines du chateau de Trémazan
Donc, envoyé à la cour du roi des francs Childebert, Tangi laissait à sa solitude Eodez lorsque leur mère mourut. Drame de la décohabitation déjà!
Passé le temps du veuvage, leur père prit en seconde noce une femme qui haïssait plus que tout Eodez (mauvais choix). Elle accusa de tous les maux la pauvre fille et fit parvenir de fausses informations à Tangi quant à la pureté et aux vertus de sa soeur. Revenant de France et face aux faux-propos qui lui avaient été rapportés, Tangi décapita sa soeur afin de laver l'affront fait à l'honneur de la famille (non mais, ça rigolait pas de c'temps là). Celle-ci prit ses jambes à son cou et sa tête sous le bras et s'en retourna à la maison familiale affronter la méchante belle-mère... Il existe encore dans le Léon une gwerz (complainte) qui raconte la légende. On me demande souvent ce qu'est une gwerz, en voici une Gwerz Ar Vezhinerien, autrement dit, la complainte des goëmoniers, interprétée par Denez Prigent.
Et les paroles de la notre de gwerz:
A Castel Tremazan, e parrez Landunvez
Galon, eun digentil euz ar c'haëra lignez,
A zeuas da eureugi, evit quenta pried,
Merc'h ar Prins euz a Vrest Florence voa hanvet,
Bugale o dévoé, mez oll n'hon hanvon quet :
Unan eo sant Tangi, eun ail santez Eodet.
Du château Trémazan, en paroisse Landunvez
Galon, un gentilhomme de la plus belle lignée
Vint à se marier, et pour première épouse
A fille du Prince de Brest, Florence était appelée.
Des enfants ils avaient, mais tous ne les connaissons pas
Un était saint Tanguy, une autre sainte Haude.
Et vous trouverez toujours quelqu'un dans le bourg de Landunvez pour vous assurer que les lieux ont gardé la mémoire de l'évènement par les fleurs rouges qui y poussent. L'oeillet de Sainte Haude (Jenofl Santez Eodez) rappelle son sang versé et le géranium sanguin (bouzellou an itron) rappelle la mort affreuse de la marâtre. A gauche, la chapelle St Sansom à landunvez.
Vous voyez que la violence n'a pas attendu les films hollywoodiens pour déferler sur les écrans de l'histoire (tiens, c'est pas mal ça !). Tout au long de la vie des saints, on s'étripe et on se décapite joyeusement, on se démembre en famille, on s'assassine pieusement et tout cela était raconté aux petits n'enfants le soir à la veillée...Les évangélisateurs avaient compris, bien avant Paris-Match, l'importance du poid des mots et du choc des photos...
Allez, portez vous bien et à demain peut-être.